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Encre des jours
31 décembre 2009

La visite

Souvent, il prend le train pour respirer, s'évader, changer de décor. Aujourd'hui, il part en train en retenant son souffle. Hier soir, il a reçu un message qui aurait du être anodin. Cela venait d'une amie de retour de voyage. Quelques mots ont suffi pour l'ébranler : accident de voiture, fracture de la clavicule, hôpital, opération. Pas beaucoup de détails. Maudits 140 caractères. Oh non. Pourvu que.

Il n'a pas hésité. Il doit la voir. 2h30 de trajet. Il ne parvient pas à penser à autre chose. Interminable. Il achètera quelque chose en arrivant. Enfin. Il bondit hors du train. Il pourrait courir sur le quai. Il se précipite chez le fleuriste de la gare. Que prendre ? C'est pour une amie... à l'hôpital. Des tulipes ? Oui. Pas envie, pas le temps de réfléchir.

La courte course en bus paraît tout de même trop longue. L'hôpital. Comme tous les autres, il le met mal à l'aise. Il s'approche de l'imposant guichet d'information. Essoufflé, il glisse le nom de son amie. Comment ? Il le griffonne sur un morceau de papier. Ah. Par là, tout au fond puis à droite. Il est déjà en train de tourner les talons. Les couloirs s'étirent. Ses pas résonnent et s'accélèrent. Quelle chaleur pour un lieu si glacial.

Voilà. Il dépose fébrilement deux toc toc sur la porte. Pas de réponse. Il entre silencieusement. Un homme est assis dans un coin. Peut-être son père. Bonjour. Il n'aperçoit que l'angle du lit. Encore deux mètres. Elle est là à moitié couchée, calme. Oui, il est venu. Elle esquisse un sourire. Il lui fait la bise délicatement. Un grand pansement recouvre son nez. Sous sa robe, il en devine un autre, sur l'épaule. A part cela, elle est la même. Il s'attendait à pire. Sa mère est assise à sa gauche. Bonjour. Il se présente. Il est un peu gêné. Il ne veut pas déranger la petite famille. Pas de problème. Prenez place. Ses parents sortent quelques minutes. Il s'est placé à côté d'elle. Les mots sont rares. Il est simplement content de constater qu'elle va plutôt bien. Il glisse quelques questions. Elle parle calmement. L'accident est arrivé tellement vite. Elle n'a pas eu le temps de réaliser. Il voudrait la prendre dans ses bras pour exprimer son soulagement, pour lui dire à quel point il s'est inquiété pour elle. Il a presque oublié les fleurs. Il saisit un vase. Merci. Ce n'est rien. Il ne veut pas faire trop long. Elle lui dit de rester encore un peu. Il n'a pas fait toutes ces heures de train pour partir si vite. Il reste encore un peu, le temps de laisser la tension redescendre. Il a eu très peur. C'est une amie éloignée, mais proche. Presque une soeur. Comme son double au féminin. Il la regarde en silence. Cela suffit à son bonheur.

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Commentaires
L
J'aurais aimé qu'il ait plus de fiction et moi de réel dans ce billet. L'essentiel est qu'elle va mieux à présent.
L
Peu importe la part de réel et de fiction, j'étais tout autant que toi à bout de souffle en entrant dans cette chambre d'hôpital...<br /> <br /> Je t'embrasse ;)
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