Un mois d'encre

Oui, il est de retour. Pour raconter ce qui s'est passé durant presque un mois. Pourquoi n'a-t-il pas écrit ? Mystère. Lui-même ne le sait pas. Il écrit lorsque cela va bien et aussi lorsque cela va mal. Surtout, il écrit lorsqu'il en a besoin. Pour faire de la place dans sa tête, pour faire le point. Libérer de l'espace, prendre l'air. Il écrit tout, en vrac, dans le désordre.

Il était en vacances. De fausses vacances, de printemps. Les vacances sont vraies lorsqu'il les mérite, qu'il a l'esprit libre. Il est retourné à Toulouse pour récupérer les tirages de sa dernière exposition. Il n'a rien vendu. Il fera mieux la prochaine fois. Il reviendra. Durant les longs trajets en train, il a eu le temps de réfléchir. Il a envie de continuer même si rien ne sera facile, évident. Rien ne se passera comme prévu. A l'image du voyage retour. Il a raté un bus, des trains, des correspondances. Il a été bloqué à la douane.

Peu importe les détours, le principal est d'arriver à destination.

Ah oui. Federer a gagné. A nouveau. C'est important de savoir qu'un Suisse peut gagner tout en restant suisse. Vainqueur et humble. Vif et courtois. Agressif et respectueux. Conquérant et sensible.

Il doit s'inspirer de cette victoire et arrêter de croire qu'il est esclave de ses origines, de sa "suissitude".

Il est un éternel étudiant de la vie. Il apprend sans cesse. Il est artiste. C'est plus qu'un métier, c'est une autre façon d'appréhender la vie.

Constamment, il remet de l'ordre, il se relance. Il est content de son site internet. Cela lui ressemble. Calme et ordré en apparence avec un peu de chaos. Quelques surprises, quelques parts d'ombre et de lumière. Des faces cachées. Des parties étranges, incompréhensibles, une logique parfois défaillante. Toujours en construction. Il ne dévoile pas tout. Il faut chercher et s'y perdre pour mieux le comprendre.

Il a également photographié des concerts : du rock, du folk, du hip hop. Il n'a pas pu tout aimé, tout apprécié, mais il était là. Et décidément, il revient toujours à la même conclusion : on ne pas photographier et écouter en même temps.

Et dans un tout petit coin de sa tête, il a guetté un infime signe de vie de la musicienne. Sans vraiment savoir ce qu'il pouvait encore attendre. Sans doute plus grand-chose. D'ailleurs, il n'est pas allé voir son dernier concert. Il avait autre soirée avec d'anciens collègues. C'était son excuse. Cela l'arrangeait sur le moment de ne pas devoir choisir. Il était aussi curieux de savoir si elle allait lui manquer. Oui, quand même. Evidemment. Même s'il ne sait pas exactement ce qu'il a manqué. Et elle ? A-t-elle passé à lui ? Même l'espace d'une seconde ? Peut-être.

La pause est finie. Il est retourné à la montagne pour travailler dans le café-restaurant. Cinq jours sur sept. Servir. Sourire. Jouer un rôle. A la fin de chaque journée, il retrouve son petit appartement et rêve. Il pense à la suite, il esquisse des projets, écrit, peaufine son site. Chaque soir, il rattrape ce qu'il n'a pas pu faire durant la journée : être lui-même et faire ce qu'il aime.

En septembre, il sera à nouveau libre. Et ce sera un beau jour.