Garde de nuit

Son groupe a été muté dans une autre ville. Ils ont été déplacés comme de simples pions sur un échiquier qui les dépasse. Ne pas chercher la logique militaire. Simplement continuer à (re)garder. Faire la même chose, mais à un autre endroit.

Deux heures du matin. Il est assis dans un couloir où la lumière ne s'éteint jamais. Personne ne passe. Rien ne se passe. Juste le temps. Il ne fait ni jour ni nuit. Seul avec lui-même. Le sommeil le taquine, mais il n'a pas le droit d'y céder. Il aurait pu prendre de la lecture pour s'évader. Il se l'est refusé. Il a besoin d'écrire. Faire le point, de l'ordre. Comment va-t-il ? Il se sent immatériel. Depuis le jour du vernissage, il erre sans but. Après cette dernière semaine de service militaire, il ne s'attend à rien. Il ne se réjouit de rien. Si. Il pourra récupérer les heures de sommeil qu'il a égarées. Il mangera mieux, boira moins d'alcool et remettra son non-uniforme. Il reprendra son rôle de serveur et s'empêtrera dans la routine. Il est en manque de surprises, de chaleur. Il fait toujours aussi froid dans son coeur. Un vent de pessimisme souffle sur ses songes éveillés. Patience, le jour nouveau est proche.