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Encre des jours
16 mai 2008

Silence

Il a attendu. Il s'est inquiété. Il a même appelé une amie pour lui demander s'il n'avait pas fait une erreur. Le couriel de trop. Mal écrit ou inapproprié. Non, pas de risque. Normalement pas. Il s'inquiète pour rien. Il pense à trop de choses.

Il est déjà dix heures du soir. Il ne tient plus en place alors il sort pour se promener, prendre l'air et des photos. Ce n'est pas la nuit qui va l'en empêcher. Même la nuit, il y a toujours un peu de lumière. Il marche tout en regardant autour de lui. Avec son appareil de photo, il cherche l'inattendu, le mystérieux et le surprenant. Il tente de se perdre et d'oublier de réfléchir. Tout est calme, la ville ronfle en silence. Il n'a pas pris son portable car plus personne ne l'appellera ce soir. Presque sans s'en rendre compte, il photographie. Il a un film de trente-six poses. Noir et blanc. Les photographies rythment sa promenade. Il essaie de saisir l'intangible. Tout ce qui n'est pas évident, l'autre beauté, l'alternative. Il prend systématique les chemins de traverse. Pas étonnant qu'il ne sache pas où il en est. Il est photographe en devenir. Vraiment ? Etrange profession. Depuis presque quatre ans, la photographie s'est confondue avec sa vie. Il n'y a plus de séparation entre travail et vie. L'un nourrit l'autre et vice-versa. Un évènement en déclenche un autre. Une rupture l'avait conduit à chercher la passion ailleurs, dans un "divertissement". Ce fut la photographie. S'il n'était pas étudiant en photographie, il ne serait pas dans cette ville. Il ne l'aurait pas rencontrée. Elle. La boucle est presque bouclé, la pellicule arrive au bout et il se retrouve devant chez lui. Deux heures à se perdre dans ses pensées. Il se fait tard. Il est déjà demain et ses rêves l'attendent.

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